Beaucoup de parents n’aiment pas voir leur enfant se lier à un objet précis, ou considèrent carrément ces objets-sécurité comme des nuisances. Le simple fait d’oublier de mettre son lion en peluche dans les bagages quand il part dormir chez grand-maman, ou de ne pas prévoir une suce de secours lors d’une longue journée à faire les courses, mène souvent au désastre.
Il peut être difficile de comprendre pourquoi il a besoin de son chien en peluche ou d’un oreiller précis à chaque sieste ou au coucher. Quand la pièce est remplie de jouets et d’objets pour enfant, sa fixation pour une couverture ou un jouet en particulier peut passer pour une excuse de ne pas se coucher. En réalité, le tout-petit n’est pas en train d’exercer une aptitude cachée à la manipulation, et n’a pas plus envie de faire une scène dans le centre commercial. Il essaie seulement de contrer son anxiété, et la seule ressource dont il dispose pour faire passer le message, dans ses méthodes de communication frustres, consiste à pleurer pour avoir sa suce.
Bien que tous les enfants n’aient pas besoin d’une suce pour se calmer ou d’une vieille couverture de bébé pour s’endormir, ils nécessitent tous une quelconque source d’apaisement. Une action routinière, une odeur, un son peut suffire pour réconforter l’enfant. La cloche de l’horloge chez des amis peut lui rappeler celle à la maison. Il peut voir en son animal en peluche un symbole qui le lie à sa maison et à ses parents.
Les enfants perçoivent les objets-sécurité comme les objets à deux fonctions. Le biberon non seulement est une source d’alimentation, mais il déclenche aussi l’instinct de téter et soulage l’anxiété du tout-petit. L’oreiller est plus qu’une source de confort pendant le sommeil : il lui permet d’apporter une partie de son lit à la maison de sa tante quand vous y passez la nuit en famille.
Vous comprendrez mieux comment il perçoit le monde en sachant pourquoi il est attiré par des objets-sécurité et comment ces objets l’aident à acquérir l’aptitude à se calmer tout seul plus tard dans la vie. La prise de conscience de la similarité de leur propre comportement avec celui de leur enfant aide les parents interloqués par la dépendance pour un objet sans valeur à y voir plus clair.
Vous avez beaucoup en commun avec votre bébé
L’adulte qui se sent blessé sur le plan émotif ou qui est soumis à une tension excessive se met en quête de réconfort. Consciemment ou inconsciemment, il décide d’aller faire son jogging, d’appeler un ami ou de s’asseoir sur son fauteuil favori pour faire le point et s’apaiser. Il retrouve un sentiment de sécurité en rentrant à la maison après une longue journée de travail éreintante. La redécouverte d’un de ses repères d’enfant éveille des souvenirs qui apportent avec eux un sentiment de nostalgie réconfortant.
L’apaisement que vous apportent les paroles rassurantes d’un bon ami est analogue à celui que ressent le bébé en serrant sa couverture fétiche. Ces paroles réconfortantes dont vous vous enveloppez pour chasser le stress reproduisent la couverture que serre votre bébé pour se rassurer dans un milieu inhabituel, ou pour s’endormir.
Introduisez d’autres options pour le sécuriser
Même si elle est réconfortant pour lui, la couverture que porte votre bébé en tout temps peut compliquer, voire compromettre son développement social. Ses copains peuvent ne pas comprendre son utilisation de la suce. Autre risque, vous pourriez oublier, un matin frénétique de votre semaine, de prendre le biberon d’urgence pour votre enfant, surtout s’il est déjà sevré du biberon. Le risque de perdre ou d’oublier l’objet-sécurité augmente quand l’enfant le traîne avec lui d’un endroit à l’autre. Oubliez de jeter une suce de rechange dans votre sac à main ou de prendre le sac à couche pour ranger le nounours, et vous vous exposez à une crise d’hystérie.
Il faut de la patience et de la persévérance pour aider un bébé à faire la transition de la suce ou de la couverture à une capacité indépendante d’apaisement. Le sevrage de l’objet-sécurité est analogue à l’entraînement au siège de toilette. Vous devez persévérer tout en vous attendant à des rechutes.
Certains enfants ont plus de facilité à se séparer de leur animal en peluche en procédant par petites étapes, alors que d’autres ont plutôt besoin d’un retrait rapide et définitif. Sondez le terrain si vous n’êtes pas sûr de la meilleure stratégie à employer. S’il a développé une fixation pour la suce ou le biberon, choisissez une journée où vous pouvez vous permettre de rester à la maison et de lui consacrer toute votre attention. Faites disparaître la suce de sa vue et faites ensuite comme si de rien n’était.
Si le fait de ne plus voir sa suce et de ne plus y penser donne un résultat modérément satisfaisant, vous êtes en bonne voie pour l’aider à rompre sa dépendance. Si l’enfant devient inhabituellement irritable ou inconsolable, vous allez devoir y aller de façon plus graduelle. Proposez-lui des variations de ses habitudes, par exemple en autorisant la suce uniquement au lit, ou en lui interdisant de sortir sa couverture de sa chambre, pour l’aider à s’habituer à se calmer tout seul tout en préservant la valeur sacro-sainte de l’objet pour les « occasions spéciales ».
Même si vous n’êtes pas absolument certain qu’il comprenne, répétez « ton nounours t’attend à la maison » ou « la suce, c’est seulement pour le lit » pour que ces règles finissent par devenir familières. Il comprendra que s’il est fâché à la maison, il peut toujours prendre la décision d’aller chercher le réconfort dans sa chambre. C’est une première étape importante vers une capacité indépendante d’apaisement.
Vous pouvez aussi essayer de remplacer le biberon par des câlins en lisant un livre avec lui, pour le réconforter. Si, jusque-là, il attendait avec impatience le biberon au moment de se mettre au lit, il anticipera maintenant la chance de passer du temps avec vous. Après une journée bien remplie, vous pouvez occuper votre bébé dans la voiture en un lui fredonnant des chansons au lieu de lui mettre une suce dans la bouche.
N’oubliez jamais qu’il est tout à fait naturel que votre tout-petit cherche le réconfort de plusieurs façons. D’ailleurs, le fait de lui enseigner plusieurs façons différentes de s’apaiser lui-même lui inculquera des leçons profitables plus tard dans sa vie.